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Les textes ici présentés, édités et commentés avaient pour but, à la fin du XIIe siècle, de donner à un public intéressé par la croisade et le pèlerinage une vision d’ensemble des rivages européens et des espaces asiatiques. Ils sont attribués par conjecture au chroniqueur anglais Roger de Howden qui accompagna Richard Cœur de Lion durant la IIIe croisade. Chacun d’eux, dans son genre, offre des éléments nouveaux. L’Expositio mappe mundi décrit dans le détail une grande carte semblable à la célèbre carte de Hereford (fin du XIIIe siècle). Le Liber nautarum associe notions livresques sur les navires et réflexion sur les pratiques nautiques contemporaines. Le De viis maris, dont le point de départ est York, prouve qu’il existait, dès le XIIe siècle, des routiers atlantiques très précis et confirme l’existence de portulans méditerranéens. Une partie en est attribuée à Margarit, amiral de la flotte sicilienne.
Loin des généralités historiographiques sur l’«imaginaire» de l’«homme médiéval» et sur sa vision «théologique» de l’espace, l’ensemble montre que les catégories selon lesquelles on juge encore trop souvent les productions géographiques de ce temps sont à réviser: l’intérêt pour les réalités administratives, pour le commerce, pour les techniques nautiques, peut aller de pair avec le «respect de l’autorité», de façon à produire des œuvres originales, témoignant d’une appréhension rationnelle et opératoire de l’espace.